Juil
2025
Logement étudiant : vers la fin des APL ?
Un rapport parlementaire relance le débat sur le financement des aides au logement étudiant.
Une réforme des bourses qui s’annonce coûteuse
Annoncée, repoussée, et toujours en suspens : la réforme des bourses étudiantes se cherche encore une trajectoire claire. Prévue pour la rentrée 2024, elle ne devrait finalement voir le jour qu’en 2026. Dans les grandes lignes, l’ambition est de :
- supprimer les traditionnels échelons ;
- instaurer un montant de base modulable en fonction de la situation de l’étudiant boursier.
Objectif : atténuer les « effets de seuil » qui pénalisent parfois les jeunes issus de foyers aux revenus légèrement supérieurs aux plafonds. Un projet que le ministre de l’Enseignement supérieur Philippe Baptiste défend avec ferveur, malgré l’incertitude budgétaire qui pèse sur sa mise en œuvre. « C’est une réforme à laquelle je crois profondément », insiste-t-il (sur Franceinfo).
Coup de rabot sur les APL étudiantes
Pour financer cette réforme ambitieuse, un rapport parlementaire publié le 11 juin par deux députés Renaissance, Thomas Cazenave et Charles Sitzenstuhl, propose une piste choc : revoir les critères d’attribution des APL pour les étudiants. Leur suggestion : conditionner cette aide au niveau de vie des parents, afin de la réserver aux jeunes issus de foyers modestes.
Les étudiants dont les familles figurent parmi les 30 % les plus aisés pourraient ainsi perdre leur allocation logement. En d’autres termes, les foyers dont le revenu annuel est supérieur à 50 840 euros (Insee). En jeu, entre 400 et 500 millions d’euros d’économies annuelles. Pour les auteurs du rapport, il s’agit de « recentrer l’effort public là où il est vraiment utile », en limitant les aides aux situations de réelle précarité.
Un tri social qui divise
L’idée ne manque pas de faire réagir. Si ses défenseurs y voient une mesure d’équité budgétaire, ses détracteurs dénoncent un recul social. Car, en pratique, plusieurs centaines de milliers d’étudiants risqueraient d’être exclus du dispositif, alors même que la précarité étudiante reste une réalité bien documentée. Logement, alimentation, transport : les frais fixes liés à la vie étudiante pèsent lourd, même pour ceux issus de familles « non modestes » au sens administratif. Et tous les parents n’ont pas la même capacité ou volonté d’aider financièrement leurs enfants. Au-delà des chiffres, ce débat pose donc une question plus large : jusqu’où l’État doit-il aller dans le soutien aux jeunes en formation ? Une équation délicate, entre rigueur budgétaire et ambition sociale.