Oct
2025
Pouvoir d’achat : les classes moyennes en plein désarroi
Une majorité de salariés du privé disent avoir du mal à boucler leurs fins de mois, malgré une économie qui se redresse. Une étude Terra Nova – Apec met en lumière un fossé croissant entre le ressenti des Français et la réalité économique.
Un paradoxe entre confiance économique et difficultés personnelles
Les Français croient en la solidité de leur entreprise, mais pas en leur propre situation financière. Selon une enquête Ipsos menée pour Terra Nova et l’Apec, deux salariés sur trois se disent confiants dans la santé économique de leur employeur. Pourtant les chiffres parlent d’eux-mêmes :
- 55 % des salariés estiment que leur situation financière reste fragile ;
- près de trois sur quatre affirment avoir perdu en pouvoir d’achat au cours des cinq dernières années.
Les professions intermédiaires, souvent considérées comme le cœur de la classe moyenne, sont les plus concernées par ce sentiment. Elles se sentent à l’étroit, coincées entre des salaires figés et un coût de la vie en hausse. Si l'on ajoute à cela des crédits, l'endettement peut parfois devenir trop important. Dans ce type de cas, certains ménages se tournent vers un rachat de crédits. Cette opération permet de réduire le montant des mensualités et de retrouver un budget plus équilibré. En contrepartie, le coût total du prêt devient plus élevé.
L’État en première ligne face au défi du pouvoir d’achat
Interrogés sur les solutions possibles, les salariés du privé interpellent d’abord les pouvoirs publics pour améliorer leur pouvoir d’achat. Fiscalité, prix de l’énergie, soutien au logement ou revalorisation du SMIC : l’attente vis-à-vis de l’État reste forte. Les entreprises, pourtant à la manœuvre sur les salaires, arrivent seulement en troisième position, derrière les distributeurs et enseignes de la grande consommation.
Un résultat qui surprend les économistes. Pour Thierry Pech, directeur général de Terra Nova, ce classement traduit une forme de désillusion : “Les salariés considèrent qu’ils donnent beaucoup à leur entreprise, mais ne reçoivent pas en retour une reconnaissance à la hauteur de leurs efforts.”
Un malaise social qui pèse sur la consommation
Cette situation nourrit un sentiment d’essoufflement économique. Malgré un ralentissement de l’inflation, les dépenses contraintes continuent de peser lourd dans le budget des ménages. Les classes moyennes, déjà fragilisées par la crise du logement et le coût du crédit, se retrouvent en première ligne. Pour elles, le pouvoir d’achat reste la priorité absolue.
Selon Terra Nova, le malaise est désormais structurel : il ne s’agit plus seulement d’une question conjoncturelle, mais d’un décalage entre attentes sociales, rémunération réelle et reconnaissance professionnelle. Pour le gouvernement comme pour les entreprises, la pression monte : sans amélioration visible sur les salaires, la confiance pourrait encore s’effriter.